Plogoff - Pointe du Raz


Plogoff - Pointe du Raz Plogoff - Pointe du Raz Plogoff - Pointe du Raz

Dans ce pays de vraie "fin du monde", Plogoff est par définition la dernière commune s'ouvrant sur l'Atlantique. Outre quelques chapelles et monuments, on vient à Plogoff pour voir la Pointe du Raz, la Pointe du Van et, entre les deux, la Baie des Trépassés. Mais l'histoire de Plogoff et des Plogoffistes, même si elle rejoint celle du Cap-Sizun, en demeure le symbole tant dans les croyances que dans les malheurs et les resistances.

Historique

Créée au Vème ou VIème siècle, à l'arrivée des Bretons sur ces terres et de leur évangélisation, Plogoff connaît un destin aussi rude et solitaire que les terres qu'elle occupe. Au XVIème siècle, la peste s'abat sur Plogoff et notamment sur Lescoff. Le mal se transmettait souvent lors des commerces maritimes, mais s'étendait rarement dans les terres. Les navires dont les membres étaient atteints par le fléau dérivaient et finissaient souvent leur course près de Lescoff située face à de furieux courants venant de l'Ouest.

Les habitants de la Pointe, pauvres et affamés, récupéraient tout ce qu'il était possible de consommer, ramenaient le bois et la nourriture qui pourrissait au milieu des cadavres, favorisant l'épidémie. Les communes alentour postèrent des gardes et fermèrent leurs portes, refusant tout contact avec cette population livrée à elle-même et à la maladie. Le nombre de morts augmentait de jour en jour ; beaucoup furent enterrés dans le cimetière et l'église de Saint Collodan (où des ossements ont été retrouvés). Quand l'épidémie cessa, elle laissa derrière elle la Pointe du Raz quasiment déserte.

Elle put cependant se repeupler, principalement grâce aux relations nouvelles qui s'établirent entre les survivants et les habitants de l'Ile de Sein, habituellement cloîtrés sur l'île et n'ayant aucun contact avec le continent qu'ils appelaient "Grande Terre". Mais c'est une autre histoire, celle de l'Ile de Sein...  

L'histoire de Plogoff, et des communes avoisinantes, se poursuit avec des actes de resistance, d'abord provoqués par le conflit maritime avec l'Angleterre. Les habitants étaient réquisitionnés par l'Etat français pour aller se battre mais la plupart refusait de se présenter, et ce pendant de longues périodes. Les hommes vivaient presque en autarcie, récupérant encore et toujours tout ce que la mer leur livrait, bris de naufrages, vin, caisses de savon, ... Pendant la Révolution, ce sont les prêtres réfractaires à la Constitution Civile du clergé qui étaient cachés, protégés et nourris par les habitants, malgré les contrôles et les menaces de l'Etat, représenté par les hommes du District de Pont-Croix.

Puis, lors des guerres du XIXème siècle, la désertion et la rébellion n'eurent pas leur pareil dans cette région. Le District emprisonna les familles des déserteurs ou occupa leur maison, aux frais de leurs parents, mais rien n'y fit. Plogoff ne cédait pas. La municipalité se permettait même des pieds-de-nez à la loi en nommant des jeunes gens pour la réquisition. Mais la plupart était déjà engagée dans la marine et le reste déjà porté disparu. La mention "On ne sait où il a passé" figurait à la suite de leur nom sur la liste.

Enfin, de nos jours, les habitants soutenus par les Bretons et beaucoup de militants venus d'ailleurs ont déployé une farouche hargne à faire annuler le projet de centrale nucléaire proposé par le gouvernement dans les années 70.

 
A voir

  • La Pointe du Raz. Cet endroit exceptionnel désormais classé Grand Site de France a bien failli être victime de sa beauté. Dès la fin du XIXème siècle, les touristes commencent à affluer, puis en 1909 deux hôtels sont construits sur le site-même à des fins commerciales. L'extrême pointe est classée en 1943, ce qui n'empêchera pas la construction, en retrait du sémaphore, d'un musée, d'hôtels et d'un véritable complexe commercial doté d'un parking de 2 hectares ! A la fin des années 80, la détérioration de la Pointe du raz est enfin prise en compte et tout est détruit. Depuis, on n'y accède qu'après une marche à pied, le parking et les boutiques etant situés bien en arrière. La participation financière du parking est reversée à l'entretien des sentiers et des milieux naturels. Vous pourrez aussi vous attarder à la Maison du Site, où la Pointe, son histoire, sa faune et sa flore vous seront expliquées, avant d'aller contempler cette éternelle bataille entre terre et mer dont le promontoire est témoin depuis des milliers d'années. L'accès à la Pointe est libre et gratuit hors saison, mais les équipements sont fermés. Pour en savoir plus http://www.la-pointe-du-raz.com/

    La Légende du Diable 
    Saint Guénolé était en charge de l'Ile de Sein qu'il appelait à l'époque Insula Seidhun. Il la protégeait notamment du Diable. Il envisageait de construire un pont entre le Bec du Raz et l'île afin de permettre des voyages plus confortables et moins dangereux par mauvais temps ; il l'avait promis au capitaine de l'île. Il en était là dans ses réflexions quand un beau jeune homme s'approcha de lui. Mais à ses pieds fourchus et à sa langue mielleuse, Saint Guénolé reconnu le Diable en personne.
    - Que me veux-tu, Polig ? (Petit Paul, surnom du Diable)
    - Je veux aller sur l'île qui est au loin là-bas.
    - Par ma crosse, tu ne passeras pas.
    - J'ai ouï dire que tu envisages de construire un pont, et tu ne pourras pas m'empêcher de l'emprunter lorsqu'il sera construit.
    - Alors je ne construirai pas de pont.
    - Dans ce cas là, tu seras parjure car tu as donné ta parole. Tu perdras ta sainteté et tu deviendras vite mon disciple car le mensonge aura raison de toi.
    Saint Guénolé ne pouvait pas rompre sa promesse mais il savait les âmes des habitants perdus si le Diable se rendait sur l'île. Mais Dieu veillait. Il entendit ses prières et eu pitié de son pasteur. Saint Guénolé, grâce à la protection divine, jeta un pont de glace entre le Bec du Raz et l'île, puis il attendit le Diable qui ne tarda pas à arriver.
    Le Diable, trop heureux d'avoir triomphé, et déjà alléché par toutes les âmes qu'il allait pouvoir corrompre, se précipita sur le pont. Dès les deux premiers pas, ses sabots brûlants fondirent la glace et le Diable fut précipité en bas de la falaise qui s'ouvrit devant lui, dans un lieu qui porte encore aujourd'hui le nom de Cheminée du Diable.
    Voilà l'explication des noms de Cheminée du Diable et de l'Enfer de Plogoff que vous pourrez voir en allant vous balader sur la Pointe du Raz. 

  • L'église Saint Collodan qui s'élève au milieu du bourg de Plogoff. Elle fut construite et transformée entre le XVIème et le XVIIIème siècle. C'est là que des ossements des victimes de la peste ont été retrouvés.
  • La véloroute. Mise en place par la commune, cette signalétique vous permettra de faire le tour des petits villages de Plogoff à vélo en évitant au maximum la route départementale.


A noter aussi

Les chapelles Notre Dame du Bon Voyage, Saint André, Saint Michel, et Saint Yves, les nombreux sentiers de randonnées, et la plage du Loch.