L’Ile de Sein (Enez Sun en Breton) est une terre de légendes et de résistances. Le climat, les vents, la mer, l’Histoire, la maladie, le manque de ressources, rien n’a épargné les Sénans. Aujourd’hui c’est au dépeuplement que se heurte l’île dont la population en hiver n’excède pas les 200 âmes. Depuis les Pointes du Raz ou du Van, on l’aperçoit, non loin, dépassant à peine des flots …mais les courants marins ont longtemps isolé les habitants de ce rocher…D'ailleurs, ne dit-on pas : "Qui voit Sein, voit sa fin."
Historique
L’Ile de Sein était nommée, au XVIIIème siècle, Ile des Saints ou même Ile Sainte. Puis son nom s’est transformé en Ile des Seins au XIXème pour apparaître tel qu’on le connaît actuellement Ile de Sein en 1881, au moins.
Située plein ouest, dans une mer en permanence battue par les vents et les courants, l’île est entourée de nombreux écueils, affleurant à peine à la surface de l’eau, et qui sont à l’origine de sa population. Ce sont donc des naufragés qui, les premiers, habitèrent l’île. La survie y était si difficile que, de naufragés, ils devinrent pilleurs de navires échoués puis naufrageurs. Ils récupéraient sur les bateaux en perdition de quoi se nourrir, se chauffer, pêcher et faire du troc. Comme les habitants du continent à la baie des Trépassés, lorsque le temps était trop clément, certains allumaient des feux pour attirer les navires qui, trompés, se fracassaient sur les rochers.
L’évangélisation de l'île avait été préparée en quelque sorte par les druides qui y habitaient depuis bien longtemps. Aussi c’est simplement et en respectant les croyances passées des habitants que le christianisme s’imposa. Au fur et à mesure de cette évangélisation, les Sénans devinrent sauveteurs et n’hésitaient pas à héberger les naufragés, même en cas de forte disette. Certains continuèrent cependant à allumer des feux et à piller les épaves si bien que l’Ordonnance de la Marine, en 1681, publia un article qui stipulait que ceux qui s’adonnaient à ces feux seraient punis de mort…
En plus de la survie difficile sur l’île, les habitants étaient aux premières loges lorsque les guerres éclataient. Ils durent défendre leur territoire maintes fois face au royaume de France, mais aussi aux Espagnols et aux Anglais. Ces derniers emmenaient les hommes de force tellement ils étaient réputés pour être de bons marins ; on les surnommaient les « Diables de la Mer ». Pour la petite histoire, on peut encore voir les traces de deux boulets de canons au Kador, au lieu dit An Dolenn.
Les épidémies n’ont pas non plus épargné l’île. L’épidémie de peste au début du XVIIème siècle qui avait considérablement réduit les effectifs de la population, obligea les habitants à se tourner vers le continent. Ils se mirent à côtoyer et à se marier avec des Capistes, des habitants du Cap Sizun (voir Visites Plogoff). Puis c’est le choléra qui décima une partie de la population en 1849 et 1885. Le docteur Gouzien, pour arrêter l’épidémie, eut l’intelligence d’enterrer les morts recouverts de chaux vive dans un champs éloigné. Les coiffes des Sénanes, blanches à l’origine, devinrent noires suite à ces épidémies.
Les conditions difficiles sur l’île, les tempêtes et les raz de marée, notamment au XVIIIème siècle, obligèrent le Gouverneur de Bretagne, le Duc d’Aiguillon, à mettre en place des digues pour protéger les habitants. De cette époque à nos jours, des infrastructures se sont succédées : la digue au sud de l’île, la construction de la cale, les quais avec parapets, la grande digue de 400 m qui part de Beg ar C’halé et rejoint Ervily, la jetée de 313 m, sans compter les reconstructions à chaque fois que la mer détruisait les ouvrages.
L’Ile de Sein est aussi le lieu du tout premier Abri du Marin de l’œuvre de Jacques de Thézac (voir Visites Combrit - Sainte-Marine). Ce lieu dans lequel on dispensait des soins, des repas, des formations professionnelles et où on luttait en permanence contre l’alcoolisme, continue de porter les valeurs de son créateur puisque, modernisé, il est devenu un lieu de mémoire pour la guerre 39-45.
Au siècle dernier, les Sénans se sont illustrés à l’occasion des deux Guerres Mondiales. Fidèles à leur esprit de sauveteurs, ils ont été nombreux à partir en guerre en 1914, surtout dans la marine, et aussi nombreux à secourir des navires alliés en péril au large de l’île. C’est en 1940, à l’appel du Général De Gaulle, que les Sénans démontrent leur engagement et leur patriotisme. Honteux des propos défaitistes de Pétain, ils s’organisent et embarquent sur des bateaux pour rejoindre l’Angleterre, à la barbe de la surveillance allemande de la Pointe du Raz. A leur arrivée à Londres, le Général les accueille parmi un groupe de 400 Français. Demandant à chacun d’où il vient et se voyant répondre plus de 120 fois « Je viens de l’Ile de Sein, mon Général », il aura cette phrase célèbre « L’Ile de Sein est donc le quart de la France ? Quand tout sera terminé, j’irai vous voir chez vous ». La vie des engagés est aussi dure que la vie des femmes, des vieillards, des enfants et des quelques hommes qui sont restés sur place. Le manque de nourriture et de toute ressource, l’invasion de l’île par les Allemands et l’absence de la majorité des hommes rendent la survie très difficile, n'empêchant en rien leur engagement dans la Resistance.
Visites
Outre ces choses à ne pas manquer, vous pourrez vous amuser à flâner sur l'île, à découvrir ses paysages changeants et pleins d'Histoire, à observer les habitants, échanger, profiter de la mer et des écueils qu'offre l'île. Vous découvrirez sûrement au gré de vos balades les croix, les mégalithes, les fours à goémon creusés à-même le sol, les galets et bien sûr les phares. Prenez garde à respecter les sentiers balisés pour ne pas dégrader la nature fragile de l'île et à ne pas emporter de galets. Un jour suffit pour en faire un tour rapide, si vous avez le temps, vous ne serez pas déçus de rester plus longtemps.
OFFICE DE TOURISME
Informations sur l'Ile de Sein
8 rue Victor Hugo
29770 AUDIERNE
02 98 70 12 20
Pour savoir comment se rendre à l'Ile de Sein, c'est en page Infos Pratiques !