Jean René le fondeur de bronze

Jean René le fondeur de bronze

Témoignage :

"J’ai toujours eu une activité liée à la création parallèlement à mon travail d’enseignant : gravure sur métaux et sur pierre, réalisation de maquettes archéologiques pour les musées nationaux, céramique, images de synthèse en relation avec l’archéologie. Mais rien, à première vue ne me prédisposait à devenir fondeur de bronze sur mes vieux jours.

Je suis arrivé à la fonte du bronze par l’archéologie. Originaire de Champagne, j’ai fouillé pendant une quinzaine d’années de nombreux sites champenois du 2e Age du Fer et j’ai tenu dans mes mains des chefs d’oeuvre de l’art celte produits par les fondeurs de bronze de l’époque : torques, fibules, boucles de ceinture.. La beauté de ces objets en bronze  aux décors complexes et énigmatiques me fascinait et je me suis intéressé aux techniques utilisées pour les fabriquer. Sur différents archéosites, comme à Aubechies en Belgique ou à Beynac en Dordogne, j’ai rencontré des passionnés d’archéologie expérimentale capables de reproduire les gestes et les savoir-faire oubliés des fondeurs de bronze de l’antiquité.

Un stage avec un fondeur de bronze du Burkina-Fasso en 2004 m’a permis d’apprendre la technique de la fonte à la cire perdue telle qu’elle est encore pratiquée en Afrique. Elle ne diffère en rien de celle des fondeurs de bronze de l’antiquité : cire, moules en banko (mélange d’argile-crottin), four en banko alimenté au charbon de bois et soufflets en peau pour la fusion du bronze.

J’utilise aussi la technique de la fonte au sable pour certaines pièces simples comme les pendentifs de mes colliers, les petites sculptures et les bas-reliefs.

La plupart de mes créations s’inspirent de l’art celte pour les raisons évoquées plus haut, certaines pièces comme les poignards ou les couteaux sont des copies de modèles de l’Âge du Bronze. A mesure que mon savoir-faire s’améliorait, j’ai également  coulé des  statuettes et des bijoux contemporains nés de mon imagination comme des pendentifs réalisés à partir de coquillages et de fossiles spiralés, des personnages perchés sur des menhirs ou des têtes d’animaux fantastiques faites à partir de pinces de crabe ou de homard

Je ne suis pas arrivé par hasard en pays bigouden. J’y suis venu en vacances plusieurs années de suite au milieu des années 70 et je suis tombé sous le charme des immenses paysages marins de la baie d de la baie d’Audierne et du site de la Torche.

Aussitôt installé, j’ai pris contact avec Martine Cariou au Musée de la Préhistoire de Saint-Guénolé (que j’avais visité 35 ans plus tôt) et lui ai proposé de faire des ateliers de fonte de bronze en public pendant l’été. Ces ateliers attirent toujours un public intéressé et  me permettent de présenter les techniques utilisées autrefois puisque je fonds avec un four gaulois et un soufflet en peau comme les fondeurs de l’antiquité. Dès la deuxième année j’ai ouvert ces ateliers aux personnes qui souhaitaient s’initier à la fonte au sable en moulant un petit objet en bronze qu’elles pouvaient ensuite emporter. Ce fut un tel succès que j’ai dû chaque fois refuser du monde. J’ai mené également plusieurs expérimentations pour les archéométallurgistes de l’Université de Rennes qui assure la gestion scientifique du musée.

Les riches collections d’objets en bronze du musée m’ont  incité à m’intéresser à l’Âge du Bronze et à rassembler une importante documentation sur cette période que je connaissais moins bien que l’Âge du Fer. J’ai alors reproduit des poignards, des haches, des outils comme des marteaux, des faucilles des enclumes de l’Âge du Bronze et  j’ai coulé récemment ma première épée longue de 61 centimètres. Les projets pour les années à venir ne manquent pas  : continuer à reproduire armes et outils de l’Âge du Bronze, notamment les pointes de lances, les extraordinaires fibules à cuvette et les disques-boucles de ceinture de Scandinavie dont je cherche à percer les techniques de fabrication, enfin produire des objets en bronze 100% breton avec mon complice, Malo Kervern, qui est capable d’extraire du cuivre et de l’étain à partir des minerais armoricains dont il connaît tous les gisements."

http://bronzedelatorche.eklablog.com/